Architecte, designer et photographe française, Charlotte Perriand est considérée comme une figure majeure de la modernité, du mouvement avant-gardiste européen, japonais et brésilien. Elle a pour vision de rendre accessible les avancées modernes au plus grand nombre.

Charlotte Perriand naît en 1903 dans une famille d’ouvriers dans la mode : un père apiéceur et une mère coutière en haute couture. Elle est diplômée en 1925 de l’école de l’Union centrale des arts décoratifs et expose des panneaux muraux représentant neuf muses à l’Exposition international des arts décoratifs et industriels modernes de cette même année. Elle présente l’année suivante un « coin de salon » composé d’un fauteuil, d’un guéridon, d’une bibliothèque-secrétaire, qui suscite l’intérêt des connaisseurs. Elle se marie avec un négociant en tissus, et s’installe face à l’église Saint-Sulpice. Elle créé pour son appartement-atelier un ensemble de pièces d’ameublement comprenant des guéridons, des tabourets bas et de bar qui est acclamé par la critique, dès son exposition au Salon d’automne de 1927.

Entre 1940 et 1942, l’artiste quitte la place Saint-Sulpice pour le Japon, qui influencera profondément ses œuvres et ses projets architecturaux à venir. Ses voyages tiennent une place importante dans son travail, qu’on retrouve notamment dans les noms de ses créations : par exemple, la bibliothèque Tunisie, la cuisine de la Cité Radieuse ou la chaise longue basculante Tokyo. Pendant ce voyage, elle se retrouve prise de court par l’entrée en guerre du Japon, puis pas les émeutes viêt-minh en Indochine.

Ses œuvres sont exposées dans la galerie Steph Simon, qu’elle tient jusqu’en 1960 avec Jean Prouvé au 145 Boulevard Saint-Germain. Elle s’empare ensuite du projet de la station des Menuires, entre 1967 et 1986, pour lequel elle réalise des préfabriqués de cuisines, de salles de bains et des projets architecturaux pour les bâtiments de la station, qui se veulent intégrés dans le paysage alpin. Elle conceptualise des intérieurs minimalistes, entourés de grandes baies vitrées qui permettent une ouverture totale sur le paysage montagneux. Elle fonde par la suite l’école nationale supérieure de création industrielle, dédiée au design dans les objets, l’espace, le social, le textile et le numérique.

Designer de renom, Charlotte Perriand est également présente sur la scène publique afin de soutenir des causes sociales et politiques, notamment de lutter contre le fascisme et l’impérialisme, aux côtés de l’Association des Ecrivains et des Artistes Révolutionnaires (AEAR). Elle participe également à la fondation de l’Union des artistes modernes (UAM) dans une vision sociale : elle souhaite montrer que des objets du quotidien peuvent « contribuer à l’harmonie de la vie, condition de santé et de joie ». Pour rendre cette harmonie accessible au plus grand nombre, elle participe à de nombreux projets d’habitats collectifs, sociaux ou universitaires.

Dotée d’un talent grandement reconnu, Charlotte Perriand met au centre de son travail l’humain, notamment par ses divers engagements. Rare femme dans un domaine majoritairement masculin, l’architecte apporte au secteur une vision nouvelle, fortement influencée par ses voyages et ses engagements.