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Juliette gréco

Figure emblématique de la chanson française, Juliette Gréco est particulièrement connue pour être l’interprète des plus grands artistes français, tels que Raymond Queneau, Jacques Prévert, Léo Ferré, Boris Vian et Serge Gainsbourg

Née de parents sudistes, elle est élevée par ses grands-parents maternels à Bordeaux. Suite à leurs décès, elle déménage à Paris avec sa sœur, et sont finalement rejointes par leur mère. Passionnée de danse, elle obtient le rôle de petit rat de l’Opéra Garnier en 1939. Dès le début de la guerre, leur mère est arrêtée pour avoir participé à une filière d’évasion et Juliette et sa sœur sont poursuivies, puis arrêtées également, en 1943. Violemment battue au siège de la Gestapo, elles sont ensuite transportées à la maison d’arrêt de Fresnes. Elles sont finalement relâchées en avril 1945, après la libération du camp de Ravensbrück, où elles étaient détenues. Cependant, alors qu’elle se retrouve sans ressources, elle trouve refuge chez la seule personne qu’elle connait à Paris, Hélène Duc qui habite près de l’Eglise Saint-Sulpice. Elle s’habille avec des vêtements de garçons, les seuls qu’elle a à disposition, agrémentés d’une paire de chaussures qu’elle récupère d’une amie. C’est alors qu’elle invente le style Saint-Germain.

Animée par le quartier Saint-Germain, elle découvre la vie politique et intellectuelle parisienne de la rue gauche, notamment à travers les jeunes communistes. Elle suite des cours d’art dramatique et est propulsée sur la scène théâtrale en novembre 1946. Elle s’entoure de jeunes artistes et d’intellectuels du 6e, dont Anne-Marie Cazalis, Boris Vian et Jean-Paul Sartre, qui l’héberge. Elle découvre dans son hôtel particulier une cave inutilisée, qu’elle trouve idéale pour faire de la musique, danser et parler de philosophie. Rapidement, l’espace fait l’objet de curiosités, le groupe qui s’y retrouve est surnommé les « existentialistes ». Elle est alors considérée comme la muse de Saint-Germain-des-Prés et se lance dans la chanson.

C’est au début des années 1950 que sa carrière décolle, elle reçoit des prix, part en tournée et s’entoure d’un directeur artistique. C’est également à cette période qu’elle fait son début dans le cinéma. Elle reprend la chanson en 1960 et interprète des œuvres de Jacques Brel, Léo Ferré et Serge Gainsbourg. Elle s’implique dans le mouvement social de 1968 et adhère au Mouvement de la paix, lancé par l’ONU. Juliette Gréco est également présente sur la scène politique, notamment par son soutien à François Mitterrand pour l’élection présidentielle de 1974, ainsi que celles de 1981 et de 1988. Elle met à profit son talent pour ses combats personnels, lors de la fête de l’Humanité en 1999 et de la Lutte ouvrière en 2001.

Dans les années 1970, elle reprend son activité de parolière et publie ses mémoires Jujube en 1982. Elle est récompensée par la médaille de chevalier de la légion d’Honneur en 1984. Elle continue les concerts et enchaîne les tournées, et se voit attribuer une « Victoire d’honneur » aux Victoires de la musique pour toute sa carrière, en 2007. Elle participe aussi au comité de parrainage de la Coordination pour l’éducation à la non-violence et à la paix.

Elle annonce une ultime tournée en 2015 intitulée « Merci », qu’elle termine péniblement, ponctuée de plusieurs AVC en 2016. Elle décède en 2020 et son enterrement se tiendra à l’église Saint-Germain-des-Prés. Juliette Gréco sera ensuite inhumée au cimetière du Montparnasse, où se trouve toujours sa tombe.

Artiste française fière de sa culture et de sa ville d’adoption, Paris, elle fait rayonner la vie artistique et intellectuelle française au-delà des frontières. Elle représente dans l’imaginaire mondial, la Parisienne typique qui incarne « le temps de Paris qui ne passe jamais », d’après Bertrand Delanoë, alors Maire de Paris.